Un Émile Bilodeau de party, un Festival des bières du monde achalandé

Émile Bilodeau, connu pour son style généralement folk et engagé, qui peut faire tout autant danser que penser, a livré une performance des plus fougueuses, vendredi soir, devant la foule du Festival des bières du monde de Saguenay, encore plus nombreuse que la veille.

Dès le début du spectacle, il était possible de constater l’aura envoûtante du personnage. Avec ses expressions faciales exagérées, son hyperactivité constante qui l’empêche de rester sur place et ses compositions entraînantes, Émile Bilodeau a une fois de plus prouvé qu’il savait occuper une scène.

Ses morceaux plus profonds, comme Petite nature, qui a pour sujet les difficultés psychologiques engendrées par le confinement sanitaire, ont été exécutés avec une telle énergie que la mélancolie des paroles n’a pas atteint la bonne humeur des amateurs de bières. De toute façon, il aurait été difficile d’endormir la foule après le passage du groupe hommage à Blink-182, au nom très près de l’original – Blink 281 -, qui a tout simplement survolté les spectateurs avant la venue du chanteur de Ça va.

D’autres pièces présentées vendredi par Émile Bilodeau racontaient davantage des histoires loufoques, bien plus qu’elles ne véhiculaient un message politique ou social. Les paroles de Candy, qui a particulièrement fait sauter les gens au-devant de la scène, rappelaient à certains égards la plume du défunt Dédé Fortin, des Colocs. La comparaison entre les deux artistes, qui a déjà été faite à de nombreuses reprises, a semblé très adéquate pendant ce spectacle.

Il était possible pour les organisateurs de qualifier la performance de franc succès avant même que la tête d’affiche de la soirée ne fasse acte de présence, vu la quantité impressionnante de personnes s’étant déplacées pour l’occasion. La Zone portuaire de Chicoutimi était tout simplement pleine à craquer pendant toute la soirée. Lorsque le son des compositions les plus populaires d’Émile Bilodeau, à commencer par J’en ai plein mon cass, s’est fait entendre d’un bout à l’autre du site, une majorité de têtes se sont tournées vers la scène. Plusieurs ont ensuite rejoint le groupe de festivaliers réunis devant l’artiste.

 

Émile Bilodeau, qui était parmi les têtes d’affiche les plus populaires du Festival, a attiré un nombre impressionnant de spectateurs, vendredi soir. (LE QUOTIDIEN, MICHEL TREMBLAY/LE QUOTIDIEN, MICHEL TREMBLAY)

À la suite de son départ, le groupe punk et folk issu de la Colombie-Britannique The Dreadnoughts a su garder la même ambiance. En plus de son talent indéniable, la présence de cette formation musicale, qui est l’une des rares du Festival à ne pas être québécoise, était justifiée de par son lien avec l’entreprise saguenéenne Cidre Joli Rouge. Ce sont les auteurs du vers d’oreille qui accompagnent les publicités de la compagnie. Les chants et les cris ont pris une tout autre dimension lorsqu’ils ont joué la chanson « Joli Rouge », dont les paroles chantent la qualité des « apples from the mighty Saguenay ».

Encore plus prisé que la veille

Les Productions Hakim, qui organisent le Festival des bières du monde de Saguenay, ont vu leur niveau de satisfaction « monter d’une coche » vendredi devant la popularité impressionnante de la soirée. « C’est génial. On savait que le vendredi risquait d’être notre plus grosse journée, mais là, c’est impressionnant », a expliqué la responsable des communications du Festival, Sophie Bouchard.

Le début des vacances de la construction a peut-être également contribué au grand nombre de personnes présentes. Les Productions Hakim ont tenté de profiter de cette occasion en ouvrant le site un peu plus tôt, vers 14h. « On a permis aux travailleurs de venir fêter avec nous en après-midi. Au lieu de faire ça dans un garage, ils ont pu rencontrer nos brasseurs et découvrir de nouvelles choses. »

 

Les files pour obtenir les coupons permettant d’obtenir des boissons étaient très longues, vendredi, un fait qui a bien représenté l’achalandage considérable à la Zone Portuaire de Chicoutimi. (LE QUOTIDIEN, MICHEL TREMBLAY/LE QUOTIDIEN, MICHEL TREMBLAY)

Une foule et la chaleur font rarement bon mélange. C’est avec cette idée en tête que les organisateurs ont aménagé plusieurs espaces de repos à l’ombre, permettant à ceux qui le désiraient de profiter de leurs boissons plus tranquillement.

Les brasseurs ont eux aussi dit avoir ressenti la présence plus forte des festivaliers. J-C Tremblay, représentant des ventes chez Ras L’Bock, a expliqué avoir eu du plaisir la veille lors de l’ouverture, mais que la journée de vendredi était « une autre game complètement ».

Ultimement, les Productions Hakim se réjouissent de voir leur pari de n’inviter presque que des artistes québécois être si payant. « On avait une petite crainte que le fait de ne pas avoir d’artistes internationaux n’attire pas autant de monde que ce qu’on est habitués, mais on est forcés de constater que c’est une formule dont on est très très très satisfaits. Toutefois, attachez-vous pour l’année prochaine parce que ça va être quelque chose », a conclu Sophie Bouchard.